Ne pas encourager la rente des géants en sauvant notre culture d’un monopole

Carte blanche - Bernard Keppenne, Chief Economist CBC Banque

A force de vouloir prendre des mesures pour restreindre les clusters et lieux de contamination, nos gouvernements finissent par prendre des décisions qui favorisent certains acteurs économiques au détriment d’autres, plus vulnérables. Et ce faisant, ils créent de toute pièce des situations de monopole quand, dans ce contexte, l’Europe se retrouve confinée avec un modèle réduit de culture et de loisirs. Un secteur déjà particulièrement en proie aux géants du numérique qui bénéficient, du coup et sans rien demander, d’une solide rente de situation, autrement dit d'un surprofit, comme conséquence d’un quasi-monopole orchestré par nos propres soins.

Des monopoles artificiels créés dans la crise

Si un ancien géant comme Kodak est la preuve qu’une position de monopole n’est jamais infaillible, de là à ce que la domination que l’on observe aujourd’hui des géants américains du numérique soit mise à mal, il y a de sérieux doutes. Leur puissance qui s’explique par leur capacité financière, leur collecte de données devenues le nerf de la guerre, leur quasi omniprésence géographique et leur savoir-faire technologique, les a rendus  incontournables, pour ne pas dire indétrônables. Déjà avant la crise.

Alors quand le Covid-19 passe par là, avec les décisions que l’on connaît de fermer un grand nombre de commerces et de lieux de culture,… là précisément où il y avait encore une forme de lutte concurrentielle, des monopoles se créent progressivement. C’est en effet un comble, mais certains de ces grands acteurs de la culture bénéficient, suite aux mesures de confinement, d’une disparition pure et simple de la concurrence avec les risques que cela comporte. En situation de monopole, l’entreprise est en effet en droit de fixer son prix comme elle l’entend, s’octroyant au passage une rente, appelée rente de situation. Une position de monopole est donc contraire à l'intérêt général puisqu’elle ne permet pas de maximiser la richesse. Les consommateurs se retrouvent à payer le bien convoité plus cher que si la concurrence prévalait. Sans oublier le risque qui pèse à terme sur la diversité de l’offre.   

La faute à Amazon et Netflix ?

Prenons d’abord simplement le cas du livre aujourd’hui. Même si certains libraires ont développé des sites en ligne et des systèmes de livraison, la grande majorité des lieux d’achat de livres sont fermés en France, ce qui confère une position de monopole à Amazon. Autant dire que cette plateforme qui pèse actuellement 10% du marché du livre en France va voir son poids fortement augmenter. Et toujours dans le registre de la culture, l’accès au spectacle est maintenant uniquement possible via des plateformes en ligne et cela donne une position dominante à des acteurs comme Netflix par exemple.

Peut-on pour autant reprocher à ces deux géants d’asseoir comme ils le peuvent leur position ? Probablement pas. C’est le jeu… Reste que dans les deux cas, les décisions de nos gouvernements dans le cadre du coronavirus provoquent cette situation paradoxale de renforcer une position déjà dominante voir monopolistique des géants du numérique. En créant qui plus est une rente de situation totalement particulière qui pourrait s’accentuer encore si la situation devait durer et qui laisserait la liberté de réévaluer le prix de la culture à ces géants.

À l’Europe culturelle de se montrer innovante

Blâmer le concept de monopole en tant que tel, et s’en plaindre, n’est donc pas la chose à faire. Et l’encourager comme nous le faisons l’est encore moins. Au contraire. Car même si comme on l’a dit, on voit mal aujourd’hui comment Netflix ou Amazon pourraient trembler, le pied d’argile de tels géants restera toujours la concurrence. Car, comme on le sait, la perspective d'obtenir une position de monopole (ou dominante) peut généralement inciter d’autres entreprises à innover et donc à favoriser cette concurrence. Il faut donc être innovant et créatif… Et cela vaut tant pour une entreprise que pour une nation toute entière. Et c’est d’autant plus essentiel et urgent que dans la crise que nous traversons aujourd’hui, les mesures prises par les gouvernements accentuent la domination de la culture américaine, au détriment de la nôtre. Se pose évidemment la question de savoir quel modèle en Europe nous voulons laisser à nos jeunes.

Il nous faut donc défendre notre culture. Et au lieu donc de bannir les livres, les concerts, les pièces de théâtres,… mieux vaudrait se montrer imaginatif. Nos gouvernements devraient mettre en place des programmes de lecture aux jeunes dans toutes les écoles en organisant un système de distribution qui ferait appel aux libraires. Les théâtres devraient pouvoir jouer et avec l’apport d’équipes événementielles, pouvoir diffuser les spectacles sous forme d’abonnement numérique. Et pourquoi ne pas associer les restaurateurs pour proposer des soirées combinant spectacle et repas à emporter ? Pourquoi ne pas diffuser des pièces de théâtre aux jeunes dans le cadre de leurs cours à distance ?

Nos gouvernements devraient utiliser autrement les moyens financiers qui sont actuellement alloués pour compenser les fermetures. Mettons le monde de la culture autour de la table et réfléchissons à tous les moyens que l’on peut utiliser pour diffuser notre culture plus largement et la rendre concurrentielle. L’impulsion doit venir du monde politique car sinon, au fur et à mesure des vagues, les mesures de confinement vont encore renforcer les monopoles, les rentes de situation et détruire la culture et nos valeurs par la même occasion.

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Fabien Tyteca Chargé des Relations de Presse, CBC Banque
Laure Miquel-Jean TBWA Pride
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