Même certains indicateurs inutiles restent valables
Bernard Keppenne, Chief Economist, CBC Banque
Lundi 3 décembre 2018 — “Jusqu'à récemment, la forme de la courbe de rendement était considérée comme particulièrement pertinente. Mais ces indicateurs et d'autres indicateurs similaires resteront superflus en 2019.”
Pourquoi la courbe des taux us a perdu de son caractère pertinent ?
Un indicateur est comme une lampe-témoin qui indique si une condition est remplie. Or, aujourd’hui, les indicateurs sont songés pouvoir prédire une future évolution. Et pourtant, ceci ne veut pas dire qu’ils seraient inutiles. En fait, un bon indicateur nous incite à réfléchir sur l’origine de ce qu’il a détecté et, dès lors, essayer de comprendre l’avenir.
Jusqu’à récemment, la forme de la courbe des taux, et en particulier, l’évolution du différentiel de taux entre les bons du trésor à 2 ans et ceux à 10 ans, était considérée comme un indicateur particulièrement pertinent.
Si l’on analyse l’évolution historique de ce différentiel, il faut constater que les périodes de récession ont toujours été précédées par une réduction drastique de ce différentiel voire un différentiel négatif. Or ce différentiel qui était de 280 points de base (2.80%) en 2010 est tombé jusqu’à 22 points de base (0.22%) en août soit son niveau le plus faible depuis juillet 2007.
Territoire négatif. Et alors?
Et si l’on venait à basculer en territoire négatif, c’est-à-dire à partir du moment où les investisseurs exigent plus pour détenir une obligation à 2 ans qu'une obligation à 10 ans, cela signifie qu'ils ne sont pas confiants quant aux conditions économiques à venir. Il s’agirait donc d’un signal de récession. Cependant, il ressort que les taux longs sont influencés par des éléments qui n’ont plus à voir avec l’état de l’économie, mais entre autres par des facteurs démographiques.
Quid faible inflation et vieillissement ?
Le vieillissement de la population incite en effet les épargnants à privilégier les placements en obligations, tout comme d’ailleurs les fonds de pension américains pour les mêmes raisons. La pression exercée alors sur les taux longs n’a dès lors plus rien à voir avec une quelconque anticipation d’un ralentissement de l’économie.
Un autre élément à prendre en considération est la faiblesse de l’inflation malgré une croissance soutenue. Les investisseurs n’exigent pas un rendement supérieur à long terme car ils n’anticipent pas de hausse de l’inflation.
La courbe a perdu de son aura
La conjonction de ces éléments mais aussi probablement le programme d’assouplissement quantitatif de la FED viennent battre en brèche une nouvelle fois une théorie économique.
L’aplatissement de la courbe considéré comme un signal de récession très pertinent, voit son importance réduite et il fait partie des indicateurs à suivre et au même titre que ceux sur l’état du marché immobilier.
Pour autant, cet aplatissement n’en demeure pas moins une anomalie qui démontre que l’injection massive de liquidités a complètement faussé les marchés et que la normalisation des taux se fera à des niveaux largement plus bas que dans le passé.
La même chose pour des autres indicateurs
Comme l'ont montré les sondages d'opinion, les élections partielles n'ont pas été un succès sans équivoque pour les républicains et leur président en exercice Trump. Pour les marchés boursiers, cependant, le résultat devrait faire peu de différence. Sur la base des données historiques, le bénéfice moyen pour l'année à venir serait de 17%.
Cette prédiction au moins intéressante que nous avons rencontrée à Marketwatch. Depuis 1946, il semble que nous ayons eu 18 élections partielles depuis lors et, après chacune de ces élections, les marchés boursiers ont fait des profits un an plus tard. En moyenne même 17%. Indépendamment du résultat de ces élections, car depuis la fin des deux guerres mondiales, toutes les combinaisons possibles se sont formées après les élections de mi-parcours : un président républicain avec un parlement démocratique, un président démocrate avec un parlement républicain, un président et un parlement républicain et un président et un parlement démocrates.