Carte blanche : Le baril bientôt orphelin de l’OPEP ?

Bernard Keppenne - Chief Economist CBC Banque

En dépit du renouvellement de l’accord de l’OPEP de novembre 2016 conduisant à une réduction de la production de pétrole jusqu’en mars 2018, le prix du baril a inexorablement reculé de 20% depuis son pic de cette année.

Un simple feu de paille

En novembre dernier, les pays de l’OPEP ainsi que les pays producteurs non-membre mais proche comme la Russie, avaient décidé de réduire leur production quotidienne de 1.8 million de barils et ce pour une période de 6 mois. Cette décision quasi historique dans la mesure où un tel accord n’avait plus été obtenu depuis 2001, représentait une grande victoire après une guerre de production menée par ces mêmes pays pendant plus d’un an. Les effets s’en étaient faits sentir rapidement avec une remontée sensible du prix du baril et une stabilisation autour des 55$ fin 2016 et début 2017.

D’emblée, les pays signataires s’étaient accordés pour un éventuel renouvellement de l’accord en fonction de l’évolution de la situation sur le marché. Et face à une nouvelle faiblesse des prix, le 25 mai dernier, l’OPEP décidait de reconduire cet accord pour 9 mois. On pouvait dès lors s’attendre à une remontée ou à tout le moins à une stabilisation du prix du baril. Or, il faut bien constater que le mouvement a pris la direction opposée.

L’exception fait le larron

Deux facteurs expliquent essentiellement cette correction dans un contexte où la croissance économique entraine une demande relativement stable.

Le premier facteur tient à l’exception qui concerne le Nigéria et la Libye en raison de leur situation intérieure et du chaos qui règne dans ces deux pays. Alors qu’ils sont membre de l’OPEP, l’accord de novembre demande une réduction de la production à tous ses membres, mais autorise ces deux pays à ne pas geler leur production. Conséquence, depuis lors ces deux pays ont augmenté leur production avec un niveau de 800.000 barils par jour pour la Libye, soit son niveau le plus élevé depuis octobre 2014, et de 1.75 million pour le Nigéria, le plus élevé depuis 15 mois.

L’extrême agilité du producteur américain

Le deuxième facteur est évidemment la hausse de la production de pétrole de schiste américain. Depuis le mois de mai 2016, 431 nouvelles plates-formes de forage ont été installées, ce qui représente une augmentation attendue de la production de 780.000 barils par jour en 2017 et 1 million en 2018. Ce mouvement de nouvelles plates-formes s’est accéléré après l’accord de l’OPEP du mois de novembre et sous l’effet de la hausse du prix du baril. Comme on sait qu’il faut en moyenne 6 mois entre le début du forage et la livraison, cet afflux de nouvelles plates-formes va encore peser les prochains mois sur l’offre mondiale et venir annihiler la réduction de l’OPEP.

Une réduction complémentaire de la part de l’OPEP qui entrainerait une hausse des prix ne ferait qu’accélérer le processus, surtout que les coûts de production se sont fortement réduits. En fonction des régions, ces derniers oscillent entre 45 et 50 dollars.

Le baril va se mordre la queue

L’OPEP se situe à la croisée des chemins et ne récupérera probablement plus jamais son pouvoir d’influencer durablement l’évolution du prix du baril.

Après avoir pratiqué la fuite en avant en augmentant sa production pour essayer de casser la production américaine, les membres de l’OPEP ont bien du faire le constat de l’inefficacité de cette stratégie. Leurs revenus ont lourdement chuté entraînant dans leur sillage, pour un certain nombre de ces pays, un ralentissement sévère de leur économie. Leur nouvelle stratégie de gel de la production a aussi montré ses limites, car les producteurs américains ont démontré leur rapidité de réaction et la flexibilité de leur mode d’extraction.

Coup de grâce, le poids de l’OPEP risque fort d’encore se réduire dans les prochaines années, car le prochain grand défi à l’agenda sera l’arrivée des énergies renouvelables qui viendront supplanter les énergies fossiles. L’OPEP ne sera alors plus qu’un lointain souvenir après une fuite en avant en ouvrant les vannes à fond pour éviter de rester assis à tout jamais sur des réserves de pétrole dont plus personne ne voudra.

Quant au principal intéressé, le baril, ce dernier sera donc de plus en plus livré à lui-même et à une volatilité extrême. Dans un avenir proche, son prix est vu inéluctablement à la baisse, une diminution accentuée par les spéculateurs qui entrainera un arrêt de  l’implantation de nouvelles plates-formes et donc une diminution de la production de pétrole de schiste. Et à son tour, cette dernière entraînera à nouveau une hausse du prix du baril. Cette hausse provoquera alors une nouvelle vague de construction de nouvelles plates-formes et un nouveau rééquilibrage des prix. Un prix du baril qui se stabiliserait autour des 55 dollars pour les deux prochaines années semble le scénario le plus probable dans ce contexte. 

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